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Jean et Steve Murat

 

 

Deux artistes trop longtemps ignorés

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Jean (1916-2000)

Jean, Théodore

Autoportrait

 

                                     

 

 

 

Steve (1914-2001)

Autoportrait

Ils étaient deux frères, nés aux Indes anglaises où travaillait leur père ; ils ont passé leur enfance et fait leurs études à Marseille; tous deux, fort doués pour la peinture — en témoignent leurs premières aquarelles à l’âge de 10 ans — n’ont pu réaliser leur rêve, pour Jean être conservateur de musée, pour Steve devenir peintre de la Marine ; le cadet s’est fait expert-comptable, l’aîné officier de renseignements !

Jean resta Marseillais, s’évadant d’un métier absorbant dans les calanques, ou dans les îles du Levant et de Porquerolles, puis bâtissant une villa à Cassis. Steve, entre deux séjours à Toulon, demeura à Paris, puis s’implanta dans une ferme isolée de Sologne, eut un pied-à-terre à Saint Malo.

 

Tous deux continuaient à peindre, amers d’être passés à côté d’une vie que rachetaient cependant leurs œuvres. Même s’ils ne les exposaient pas, celles-ci donnaient un sens à leur vie. Et, comme pour tout peintre, elles forment leur vraie biographie.

Ils sont d’abord côte à côte, sur les mêmes thèmes dans leur jeunesse, le cadet imitant parfois le style de son aîné, tous deux partageant la même passion pour les sujets maritimes, détaillant les navires dans le port de Marseille.

Puis l’écart se creuse entre les techniques et les sujets.

Steve, adoptant la gouache, donne très tôt dans la dramaturgie des couleurs et la nervosité des vagues, il varie ensuite ses moyens, passe à l’huile, au pastel, au stylo-bille de couleur.

Le tempérament de Jean le porte vers les transparences et les gris mauve discrets auxquels se prête l’aquarelle, cet art de la réserve.

Steve peint les marais de Sologne, la grève et les îlots de Saint-Malo, Jean les calanques où il est assidu, les îles d’Or, les rives méditerranéennes où il lui arrive de voyager.

Leur reste en commun, venue de l’enfance marseillaise, la mer, mais aux horizons déserts de l’Atlantique et à ses sables où, chez l’un, s’isolent de frêles silhouettes s’opposent désormais chez l’autre les blocs de roches blanches et ces falaises qui encadrent la vue sur nos côtes. Comme défiant l’immensité, Steve réduit à l’infime ses formats et finit par une monochromie qui s’exténue dans la blancheur, Jean agrandit ses vues encloses dans le berceau des criques et libère sa facture. Et tandis que l’aîné s’ouvre au plein vent qui fait frémir les roseaux et véhémente la mer, le cadet, fidèle aux objets familiaux, poursuit à travers eux et en chambre sa quête minutieuse du rendu des matières.

Une exposition au Musée de Cassis en novembre 2015 a permis de révéler au public ces deux tempéraments d’artistes trop longtemps ignorés : à la tendre mélancolie, au goût pour les transparences et à la réserve de l’un répondent la fougue chromatique, la densité picturale et le goût pour les lointains de l’autre.

 

 

Pierre Murat

 

- Analogies et confrontations -

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Jean Murat

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Steve Murat

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