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Noël en Provence, les traditions Calendales

Bientôt Noël !

Le santon, ça n'est pas du folklore !

C'est un artisanat qui fait vivre des centaines de personnes.







Petit personnage d'argile crue, représentant les métiers et les costumes locaux du IXe, ces santons, peints à la détrempe ou habillés d'étoffe, peuplent les crèches familiales ou des communautés.

Ceux-ci s'exportent dans le monde entier et ce commerce fait fructifier le santon de terre cuite qui supporte mieux les expéditions. Cet artisanat a pu se développer dans la vallée de l'Huveaune grâce aux carrières d'argile rouge du canton d'Aubagne, qui fournissent un matériau bon marché.

Noël c'est la joie des enfants, mais pour les Provençaux c'est aussi la fête la plus importante de l'année. Ceux-ci y sont très attachés et les traditions de la période calendale se déroule sur deux mois.


Le cycle commence pour la Sainte-Barbe,

le 4 décembre. Dans "tré sietoun", (trois petites assiettes ou soucoupes), sur un fond de coton humecté, on sème quelques grains de blé, parfois des lentilles. Si ce blé germe et pousse dru, s'il reste bien vert au solstice d'hiver, c'est un signe de fécondité et d'abondance pour l'année qui va commencer. Ce blé sera placé dans la crèche familiale et sur la table des repas de Noël.




La réunion familiale pour la veillée ou le repas de Noël est prévue de longue date. Dans la tradition, le réveillon n'existant pas, il est remplacé par le "Gros Souper"(1) qui commence entre sept et huit heures du soir et se prolonge jusqu'à l'heure du départ pour la messe de minuit.

La table de Noël est dressée à l'aide de trois nappes, supportant trois chandeliers représentant la Sainte Trinité, comme les treize desserts représentent Jésus et les douze apôtres. La table de Noël reste mise jusqu'au jour de l'an. Le jour de Noël les enfants ont l'autorisation de se servir seuls à table.

Le "Cacho-fue"(2),

Au début du gros-souper, l'aïeul, aidé du plus jeune des enfants plaçait une bûche d'arbre fruitier dans la cheminée, la bénissait et y mettait le feu; parfois la bûche est arrosée de vin cuit, de toute façon les paroles rituelles sont prononcées :


"Alegre! Alegre ! Dieu nous alegre

Cacho-fue vèn, tout bèn vèn !

Diéu nous fague la gràci de vèir l'an que vèn !

É que noun sian pas mai, que noun sieguen pas mens."

(Gai ! Gai ! Dieu nous réjouit

Cacho-fue vient, tout vient bien

Dieu nous fasse la grâce de voir l'an qui vient

Et (si l'an prochain) nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins !)

Dans certaines familles, une place était réservée à la table de Noël pour un malheureux, s'il se présentait; dans d'autres on réservait seulement une part qui était offerte, à la demande, par un enfant qui s'en voyait récompensé.

Les Treize Desserts

Obligatoirement, il y a la pompe à l'huile d'olive, qui se déguste avec le vin cuit.

Les quatre mendiants :

Figues sèches (Franciscains), raisins secs (Dominicains), amandes pelées (Carmes), noisettes (Augustins). Si la couleur de ces fruits rappelle la couleur des robes des quatre ordres religieux qui vivaient de mendicité, il faut toutefois noter que ces vêtements ont évolué avec le temps.


Le nougat noir ou rouge (sa composition varie suivant la fabrication).

Le nougat blanc.

Les dattes, seul fruit exotique admis.

Les oranges d'Espagne qui arrivaient à Marseille par "balancelles".

On peut compléter ensuite par des mandarines, poires, pommes, raisin frais, noix, melon d'hiver, pâtisseries familiales.

La bûche de Noël d'apparition plus récente tend à remplacer la coutume du cacho-fue.


Ces desserts sont grignotés pour occuper la veillée jusqu'au départ pour la messe de minuit.


C'est à ce moment là que nos aïeux accomplissaient le rite d'entamer "lou fiascou de Sauvo-Crestian". Ce flacon de "Sauve-Chrétien" était un élixir réconfortant obtenu en faisant macérer dans de l'eau de vie, les fruits du Micocoulier, arbre du terroir provençal.


Partout en Provence, les messes de minuit sont très suivies. Les prêtres, qui parlent encore la langue, prononcent l'homélie en provençal.


A l'offertoire se forme un cortège de personnages en costumes régionaux, (identiques aux santons) qui, au son des galoubets et tambourins, viennent offrir à l'enfant Jésus, les produits du terroir.


C'est au retour de la messe de minuit que l'on place l'enfant Jésus dans la crèche et que s'offrent cadeaux et jouets. Les jeunes enfants endormis attendront le lendemain.


Le vrai marseillais ne laissera jamais passer le mois de janvier sans assister au moins une fois, sinon plus, à la "Pastorale". Ces pastorales sont nombreuses. La plus réputée est celle de MAUREL de Marseille. C'est la représentation anachronique et extrapolée en Provence de la naissance du Christ. Les acteurs, tous amateurs, de ce drame portent aussi les costumes des années 1800-1830.


Les Traditions Calendales s'arrêtent pour la Chandeleur. Le deux février dans la basilique Saint-Victor à Marseille, la Vierge Noire est montée en procession de la crypte à la grande nef.


A la sortie des offices on achète les cierges de cire verte, privilège de l'abbaye, à rapprocher du privilège des rois de France qui utilisaient la cire verte pour leur Sceau; puis l'on se rend au "Four des Navettes" pour se procurer ces galettes dont la forme rappellerait la barque des Saintes abordant le rivage de Provence.


Ce jour là, on "démolit" la crèche familiale.


Un texte de Paul NOUGIER.

(1) Le gros Souper est maigre, mais comporte souvent deux plats de poissons, muges et morue, parmi les légumes citons : cardes, cardons, céleris…..

(2)Cacho-fue : Intraduisible, peut-être : Donne noud le feu, la sagesse, le courage pour affronter l'an qui vient.

Sources :

Un article Disco-Bibliobus Prouvencau proposé par Annie Vitali.

Photographies : Catherine Brache, Maryse Filosa, Provence à vivre, Occitanica

Sites : Occitanica

Provence à vivre

Wikipédia

Blogs : cigalemistralavande

Courpatas/canalblog

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