top of page

LA  CHAPELLE  DE  LA  CALANQUE  DE  PORT-MIOU

Chapelle Port-Miou

Archives de l’Évêché : Nostra Dama de la Mar (13 mars 1501) :

​

- Notre Dame de la Mer (1515) 

​

- Nostra Domina de Mari (9 août 1548) 

- LE VŒU -

 

 

 

Depuis toujours le promontoire de Port-Miou attira les regards des marins et des pêcheurs qui, par grandes tempêtes venaient se mettre à l’abri dans la calanque.

​

Dans l’antiquité les gens faisaient du feu sur la falaise pour guider les marins au cours des nuits de mauvais temps.

​

Lorsque les Romains s’installèrent à Carsicis-Portus (Cassis), ils firent construire à la pointe de Port-Miou un oratoire que l’empereur Antonin dédie à Promylius, nom de la divinité tutélaire de Port-Miou signifiant proprement « de bon voyage ».

​

Ce nom fut modifié en Promiou puis Pormioulx avant de devenir Port-Miou.

​

Plus-tard les chrétiens conservèrent l’oratoire romain et au début du XIVe siècle, probablement en 1376. Ils y placèrent une statue de la Vierge-Marie qu’ils invoquèrent au fil des années sous différents vocables suivant les époques et les circonstances : Notre-Dame de la mer, Notre-Dame de Miséricorde,  Notre-Dame de Bon Voyage, Notre-Dame de Pitié puis lorsque vint la peste de Marseille :

​

« Notre-Dame de Santé »

​

Elle fut construite pour la première fois sur l’emplacement de l’antique oratoire, probablement en 1649 lorsqu’en juin, une première épidémie de peste s’abattit sur Marseille.

​

Le Sieur Antoine Dailhot, premier consul de Cassis informa le conseil de la ville que Marseille était atteinte du « mal contagieux » qu’il y a beaucoup de morts, que la médecine est impuissante, qu’il fallait avoir recours à la Miséricorde pour espérer protéger Cassis. En présence de cassidens atterrés il fit le vœu de faire bâtir une chapelle en l’honneur de Notre-Dame de Santé. Ce qui fut fait. Le 19 décembre Monseigneur Etienne de Puget, évêque de Marseille en posa la première pierre.

Plan de la chapelle construite en 1649

On peut imaginer deux wagons reliés par un soufflet

Un grand porche en pierres de Cassis situé exactement au centre de la façade. Sur la gauche vers la mer, une hampe dominant tout l’édifice et un drapeau visible de la mer, La première partie était bien éclairée par quatre vitraux. Puis on arrivait au « sas » qui séparait les deux parties

​

La seconde partie était très obscure. Seule, dans sa niche, la Vierge Marie présentant son fils au Monde était faiblement éclairée par un vitrail placé au-dessus de la deuxième entrée. Cassis ne compta aucun mort pendant cette épidémie.

 

En ces temps-là, Rome n’autorisait pas les messes en plein air mais pour réunir tous ses fidèles à Port-Miou, le curé de Cassis obtint un « indult » spécial que les papes n’accordaient qu’en de très rares occasions.

Le 1er juillet 1651, la chapelle fut bénite par Monseigneur Etienne de Puget, évêque de Marseille. Dès lors, la légende raconte que Cassis fut épargnée par la peste.

​

Le 25 mai 1720 le « Grand Saint-Antoine » accosta à Marseille et avec lui amena la peste de nouveau sur Marseille. Pendant cet épisode l’abbé Cabrol et Thérèse Rastit résidente de Cassis se distinguèrent dans leur dévouement à soigner les malades cassidens. Le 8 septembre l’abbé Cabrol obtint des cassidens qu’ils fassent le vœu d’aller à l’aube en procession de Cassis à Port-Miou le 1er dimanche qui suivra la fête principale de ladite chapelle qui est celle de la Visitation de la Sainte-Vierge le 2 juillet. L’épidémie fit 214 morts (sur 6000 habitants) dont de nombreux enfants, qui furent enterrés devant la plage du Bestouan.

​

Depuis, rien n’a changé, la tradition est toujours respectée, jusqu’à nos jours.

​

A la révolution, la chapelle fut saisie comme bien public. Monsieur Garnier, maire de Cassis et cinq de ses conseillers furent guillotinés à Marseille. Les citoyens Raymond Favaudy de Cassis et Etienne Maurel de Marseille furent chargés de la vendre aux enchères. Les Cassidens ayant eu vent de l’affaire camouflèrent la statue de la Vierge dans un mur de la chapelle.

​

Le 7 fructidor de l’an IV (24 août 1796) la chapelle fut adjugée pour la somme de 252 francs payée en assignats au citoyen Mauranchon. Les fidèles ne voulurent point assister au culte pratiqué par les prêtres assermentés par la révolution et continuèrent à aller chaque dimanche assister à la vraie messe  « en chette » tout au fond des calanques de Port-Pin ou En-Vau.

​

En 1791 Napoléon Bonaparte vint à Cassis pour y faire installer une batterie côtière et pour récompenser l’Amiral Gantaulme (qui venait d’épouser une fille Clavel) il lui fit don de la chapelle et de la propriété de la Presqu’ile.

​

Le calme revint mais la chapelle gênait l’exploitation de la carrière de pierres de la Presqu’Île et il fallait la déplacer. Tous les cassidens savaient que la statue de la Vierge était cachée dans l’un des murs mais plus personne ne savait lequel.

​

Le 11 août 1847 Monsieur Autheman, conseiller municipal, libre-penseur et homme de science se targuant d’être hâtée se fit accompagner par sa nièce Rosa Autheman et le pharmacien Louis Dallest, adjoint au maire pour effectuer des mesures pour établir le plan de la chapelle avant la destruction.

La procession du vœu

- Le Miracle -

Monsieur Autheman, Conseiller municipal, nous conte ce phénomène merveilleux :

​

Ami de l’antiquité je formais le dessein de conserver sur le papier le souvenir de cet ancien monument. Il fallait mesurer la chapelle avant que la démolition en fût trop avancée. Comme il était déjà tard et qu’il s’agissait de s’absenter plusieurs heures, je crus devoir en avertir quelqu’un afin d’en prévenir nos parents au besoin.

​

Or, la personne ainsi avertie me prédit par trois fois : Que la Sainte-Vierge m’éclairerait !... A quoi je répondis que je pourrais en avoir grand besoin, la nuit étant prochaine.

​

Nos opérations s’effectuèrent par la plus belle soirée ; le ciel était serein, parfaitement limpide et sans clair de lune ; pas la moindre agitation ne troublait l’air.

​

Il était donc environ neuf heures du soir ; toutes les mesures allaient être achevées ; il ne restait plus qu’à relever la dernière encore retenue sous mes doigts, faute de pouvoir la déchiffrer à cause de la faiblesse du crépuscule. J’appelais mon ami pour me faire battre le briquet, afin d’y voir un peu à la lueur des étincelles.

​

La véritable statue de la Vierge en albâtre

Soudain une clarté vive et subite m’éclaire et me force à porter mes regards vers une énorme traînée lumineuse, apparue tout à coup, qui resplendissait silencieusement en face de moi vers le haut du mur méridional du sanctuaire et qui scintillait avec agitation dans un périmètre de 150 centimètres de long sur environ 30 centimètres de large.

« La prophétie était accomplie !... »  

​

Mais ce n’est pas tout ! Voilà qu’aussitôt l’apparition subissant une transformation radicale semble se résoudre complètement et va se contracter en un seul point central qui reluit un instant comme une petite étoile, puis s’allonge immédiatement, pour prendre la forme d’une véritable larme de feu qui commence à couler avec un extrême lenteur sur la  superficie du mur, laissant après elle une trace fugitive de 60 centimètres de long , d’abord jaune, puis verdâtre, puis noirâtre, et descendant toujours tranquillement sans rien perdre de sa forme, de son volume ni de sa limpidité comparable à celle d’une goutte incandescente de cristal fondu ! Cette larme vint majestueusement glisser littéralement à deux doigts de notre visage avait environ 18 millimètres de long sur à peu près 5 millimètres d’épaisseur ; sa base plus large, était arrondie et son sommet presque aigu ; elle n’avait ni odeur, ni chaleur et nous pûmes pendant près d’un quart d’heure l’observer et l’examiner avec tout le soin, le loisir et  l’attention possible, jusqu’à ce que enfin parvenue à la base du mur, à quelques centimètres des décombres, elle parut à nos yeux se diviser en quelques parcelles puis finit par s’éteindre tout-à-fait avant d’avoir atteint le sol, nous laissant tous deux dans l’ébahissement et le désappointement le plus complet.

​

Cette singulière apparition, déjà suffisamment remarquable d’elle-même par son étrangeté, paraît l’être encore bien davantage par les nombreuses coïncidences, qui l’ont précédée, accompagnée et suivie et dont, pour n’éveiller aucune susceptibilité, il faut se borner à ne citer qu’une principale de chaque catégorie.

​

La première : celle de la prédiction antérieure, improvisée au moment du départ pour la chapelle.

​

La deuxième : celle de la réalisation ponctuelle et précise de cette même prédiction pendant les opérations géométriques.

​

La troisième : celle enfin de la découverte bien extraordinaire d’une petite statue de la Sainte-Vierge, en albâtre, trouvée le lendemain par un des démolisseurs, Joseph Brun (carrier), bâtie dans l’épaisseur du mur du sanctuaire, tout juste à l’endroit de l’apparition.

​

Cette pièce faite en double exemplaire a été affirmé, certifiée et signée par tous les témoins qui sont Monsieur Louis Dallest pharmacien, adjoint à la mairie de cette ville, Mademoiselle Antoinette Tassy, mère de l’hospice, Rosa Autheman et moi enfin soussigné.

​

Cassis, le 25 mars 1854.

Autheman fils

Conseiller municipal, ex-économe de l’hospice.

 

Si la statuette fut retrouvée, personne ne peut dire ce que sont devenus les ex-voto de la chapelle et encore moins un grand tableau représentant l’abbé Cabrol, ses vicaires et les consuls invoquant la protection de Marie contre la peste envahissante.

- La chapelle actuelle -

La seconde chapelle construite à l’emplacement actuel a connu plusieurs propriétaires.

​

Par jeu de successions, la chapelle revint à Dame Eulalie Barbier (Demoiselle de Clavel).

​

En 1970, Madame Barbier vend la chapelle à Monsieur Henri Delauze, PDG de la Comex.

​

Aujourd’hui la chapelle appartient à la commune de Cassis qui la restaura en 1994.

​

Une autre chapelle fut reconstruite vers 1850 à quelques dizaines de mètres de là, et a subsisté jusqu'à nos jours. Tombée progressivement en ruines, son toît s'était effondré et elle fut pillée de ses quelques ex-votos, tableaux et mobilier. Elle a heureusement été restaurée vers 1990, avec l'aide conjointe de la ville et d'une association présidée par le général de Bressy.

Le seul ex-voto présent à l'heure actuelle est l'œuvre d'un artiste cassidain, Michel Frosini, peintre et sculpteur. Il a été réalisé à la demande de François Dumon, en remerciement pour avoir survécu à une chute à la mer lors d'une régate entre la Corse et Toulon, en pleine nuit.

​

Le sang-froid et la rapidité de l'équipage, malgré l'obscurité et une mer difficile, lui ont permis d'être rapidement et miraculeusement sauvé.

 

Le tableau désormais accroché à l'intérieur de la chapelle, porte l'inscription : "Remerciements à Notre-Dame-de-Bon-Voyage et à l'équipage pour avoir été sauvé des eaux le jour de Pentecôte 1994. F. D."

​

                                                                                                                                                       

L'ex-voto peint par Michel FROSINI

Intérieur de la chapelle actuelle

Catherine BRACHE

 

Sources :

Photos : Catherine BRACHE

Alfred Saurel - Statistique de la commune de Cassis

Abbé Paul Quantin, curé de Cassis La Provence 1989

Madame Annie Vitali

Site « Chapelles et églises rurales en Provence »

bottom of page