
LA CHAPELLE DE LA CALANQUE DE PORT-MIOU


L'HÔTEL DES ROCHES BLANCHES
Ce fut, bâtie en 1877, une maison de maître que l’on dénommait « Le Grand Châlet » et qui surplombait la mer.
Vint le temps, en 1930, où Cassis devenue officiellement « station climatique », apparurent les premiers lotissements : après le Picouveau dès 1926, puis ceux de Sainte-Croix et de Port-Miou, ce fut le tour du quartier des Roches Blanches en décembre 1930, non loin de la plage du Bestouan ; autant de résidences secondaires pour des Marseillais en villégiature de fin de semaine. Il fallait aussi offrir aux touristes un complément à l’accueil qu’offraient les plus anciens hôtels, Liautaud et Cendrillon sur le port, le Panorama au-dessus du Bestouan.
Au temps de Victor Frégier (1885 Aix-en Provence – 1963 Cassis)


6 avril 1934, les professionnels du cinéma posent sur la terrasse L’hôtel parmi les villas du quartier
Après avoir combattu à Verdun puis séjourné en Indochine, il acquit la grande villa et, en compagnie de son épouse, la réaménagea dans le style d’époque. Succès garanti. C’est ainsi qu’en avril 1934 s’y tint la réunion des professionnels du cinéma qui allait inciter nombre de réalisateurs à tourner à Cassis (Hugon, Pagnol, Grémillon, Cammange, Tourneur) et bien des vedettes du monde du spectacle à séjourner face au déploiement de la rade depuis l’entrée du port jusqu’au Cap et à l’horizon libre.
Salon, restaurant et terrasse offraient leurs commodités et les cartes postales les représentant en assuraient la publicité.




Sobriété un peu rigide de l’art déco pour l’intérieur, vastes fenêtres pour découvrir la vue, une terrasse qu’on peut abriter du soleil, une entrée en fer forgé encadrée de colonnes antiquisantes et stylisées, tel était le décor.
La période de la guerre, bien sûr, avec les pénuries aggravées par l’occupation drastique de Cassis à partir de fin 42, l’exode des réfugiés, la fin d’un tourisme autre que local mais bien maigre, la présence des Allemands dans le bunker construit en contrebas de l’hôtel, voilà qui explique l’enthousiasme de Frégier lorsque,
le 21 août 44, il se rend tout le premier à la rencontre de la petite troupe de Tabors marocains venus libérer le village. Trompé par leurs véhicules et uniformes, au volant de sa Renault Juvaquatre, il les précède en criant par la vitre ouverte: « C’est les Américains ! ».


Le bunker du « Sudwall » subsiste comme élément du nouveau mur de la terrasse inférieure.
La vie va reprendre mais, d’une époque l’autre, d’une affiche à l’autre, les initiales « RB » comme sigle marquent la continuité. On les retrouve en haut de la belle rampe 1930 au décor à écailles qui a été conservée.




Du sépia ou du vert au noir et blanc et à la couleur, ce sont les mêmes atouts que vantent les images avant et après guerre, avec une insistance marquée sur la pinède et son ombre…






…mais, avec l’hôtel pavoisé, c’est sa dimension internationale qui est mise en avant.
Attestent de l’audience de l’hôtel et de la qualité de la restauration divers menus des années 50 et 60
ainsi que la remise de la médaille de « La Courtoisie Française » à Frégier et son épouse.




XIème Congrès de l’Institut National de la Presse,
24-05-1963

A gauche, M. Nardelli, maître d'hôtel, au centre, Mme Frégier,
et, à droite un ami parisien de la famille Liautaud, M. Mingasson.

Les fondateurs veillent toujours à l’entrée
Des hôtes de marque
Nombre de notabilités du spectacle, des Lettres et de la politique se seront succédé au long des années, de Churchill à Edith Piaf ou Ginger Rogers, ou de Fernandel à Leonid Brejnev sans compter durant 20 ans tous les participants au "Printemps du Livre » aux côtés de PPDA.
Notons que, de 1930 à 39, Jerome Hill, amoureux du site, y séjourne avant d’acquérir les « Pierres Froides ». Après guerre, depuis la « Batterie » qu’il fait construire, il viendra en voisin manger régulièrement aux Roches Blanches jusqu’à son retour définitif aux Etats-Unis.

Déclin et renouveau
Au décès de Frégier en 1963, la direction est assurée par M. Dellacase puis son fils qui décide en 1978 de ne plus exploiter la partie restauration. S’ensuit, malgré un emplacement magnifique, un lent déclin de l’établissement. Le prestige ancien de l’hôtel ne suffit plus à assurer sa rentabilité.
Repris par la SAS « Les Roches Blanches de Cassis », l’hôtel, luxueusement modernisé et doté de 5 étoiles, rouvre au printemps 2018. Il a vu son intérieur entièrement rénové par la propriétaire, l’architecte Monika Kappel, qui a tenu à restituer un aspect « Riviera début XXème » ; pourvu de deux piscines dont l’une à débordement, ses jardins permettent toujours à travers leurs restanques arborées l’accès direct à la mer.
Des vues aériennes témoignent des réaménagements et agrandissements successifs jusqu’à l’état actuel du « Cinq étoiles »..


Toitures remodelées, création des piscines, maintien des cheminements :
un îlot au milieu d’un quartier densifié.
Esprit « Art déco » et modernité : luxe calme et volupté ! Et à chaque époque ses voitures de luxe…




Pierre MURAT